Annabelle Blangier

L’auteure en trois questions

Vous êtes une auteure très prolixe, que représente l’écriture pour vous ?

L’écriture a toujours fait partie de moi. Depuis que je suis petite, des histoires se créent dans ma tête, et quelque chose me pousse à les écrire, à les transmettre. Pour moi, écrire, c’est donner naissance à tout un monde, à des personnages, et quand les choses se passent bien et que le fil semble se dérouler tout seul dans votre tête, c’est l’une des meilleures sensations du monde.
Je ne sais pas si je suis prolixe, disons que j’ai un rythme et que j’essaie de m’y tenir. Quand j’ai commencé à écrire, mon imagination partait dans tous les sens, c’était facile, mais ce que j’écrivais manquait souvent de structure et de corps. Aujourd’hui, je suis plus perfectionniste, je passe beaucoup plus de temps sur une seule histoire, je m’attarde sur les personnages, sur ma manière d’écrire. Il me faut plus longtemps avant de terminer un roman, mais le résultat est bien plus satisfaisant.

Pourquoi avoir choisi de réinterpréter Le Musicien de Hamelin ? La musique est-elle importante pour vous ?

Je suis tombée, un jour, sur un article expliquant les origines du Joueur de Flûte de Hamelin, et j’ai été fascinée par tout le mystère qui entourait cette histoire. Avant le conte de Grimm, le joueur de flûte était une représentation sur un vitrail de la ville de Hamelin, en Allemagne. Cette représentation est censée être liée à un malheur qui aurait frappé la ville, et plus particulièrement les enfants de Hamelin, mais il y a plusieurs hypothèses à ce sujet.
Le Joueur de Flûte de Hamelin, c’est un personnage qui envoûte avec sa musique, et je me sens assez proche de cette idée dans le sens où je pense que s’il y a bien une chose au monde qui soit capable d’envoûter, c’est la musique. J’y ai toujours été très sensible. La musique peut transmettre toutes sortes d’émotions sans que le moindre mot soit prononcé, elle peut nous rendre triste, joyeux, elle peut nous faire rire ou pleurer. J’écris toujours avec de la musique en fond sonore, parce qu’il n’y a rien de mieux pour se mettre dans une ambiance donnée.

Quel est votre conte préféré et pourquoi ?

Il y a beaucoup de contes que j’apprécie aujourd’hui, mais je pense me souvenir du premier qui m’ait marquée et fait réfléchir. Quand j’étais petite, il y avait un gros livre de contes des frères Grimm chez moi. Celui que je préférais lire était Le Roi Grenouille, en partie parce que les illustrations qui l’accompagnaient étaient magnifiques. La princesse était très belle, et la grenouille vraiment répugnante. Je comprenais tellement le dégoût de la princesse à l’idée de devoir dormir avec cette bestiole dans son lit ! Et puis, c’est drôle, dans beaucoup de contes, c’est le prince qui libère la princesse du mauvais sort, généralement en lui donnant un baiser, ou par une preuve d’amour du même genre. Dans le Roi Grenouille, la princesse est dégoûtée par la grenouille, refuse de la toucher et finit par la jeter violemment contre un mur. Et c’est ça qui rompt le sort et la retransforme en prince. Évidemment, la princesse peut ensuite épouser le prince et tout finit bien, mais si je me souviens bien, rien ne précise si la princesse trouve le prince moins répugnant désormais.